Marche des fiertés GLTTBI à Buenos Aires

Billet du 21/11/2005

Un peu de terminologie

"Marcha del orgullo GLTTBI" (nom fém.) : manifestation à la fois festive et revendicative pour la reconnaissance des minorités sexuelles. Vulgairement : "Gay Pride". Remarquer qu'on aura mis à profit la traduction pour remplacer "gay" par "GLTTBI" : gay, lesbien, travesti, transexuel, bisexuel et intersexuel. Ça fait du monde tout ça. 12000 personnes selon les organisateurs. Beaucoup plus en fait, vu que la plupart des personnes concernées n'osent pas se montrer et ne viennent pas à la marche. Pourtant Buenos Aires est un lieu relativement attrayant pour les minorités sexuelles d'Argentine : les mentalités y sont proches de ce qu'on peut trouver en Europe (de l'ouest). Grâce à la structure fédérale du pays, des lois qui n'auraient jamais pu exister à un niveau national existent au niveau local : l'union civile et l'engagement du pouvoir à combattre les discriminations envers les minorités sexuelles.

Back in the future

Mais les bonnes nouvelles s'arrêtent là. Bien qu'aucune loi anti-homosexuelle ne soit en vigueur, une chape de plomb pèse sur le sujet. L'éducation sexuelle est inexistante : à La plata la simple distribution de préservatifs et de contraceptifs dans un lycée a provoqué un scandale. Les associations comme le CHA ("Comunidad homosexual de Argentina") sont rares et pratiquement inexistantes à l'interieur du pays (hors de Buenos Aires). Les activistes sont apparemment habitués aux séjours en prison. L'avortement est illégal - ce qui n'a rien de surprenant pour un sud-américain, mais pas pour moi qui suis plus jeune que la loi Veil. Et tout bêtement, l'insulte "puto" (pédé) est écit à peu près sur chaque mur tagué, sur chaque porte d'ascenseur ou de WC, partout...

Les folles de la Place de Mai

Histoire d'arranger les choses, la "catedral metropolitana" où se trouve la tombe du "Libertador", le général San Martin, est sur la Place de Mai d'où partait la marche. Les murs auraient étés tagués l'année dernière. Cette année un mélange de membres de la paroisse apparemment de bonne foi (si on peut dire) et de gros bras venus "casser du pédé" attendaient plus ou moins tranquillement devant l'église. Comme toujours les casseurs étaient de la partie et sont venu provoquer les policiers qui formaient un cordon de sécurité. Les organisateurs ont eu l'intelligence d'appeler les gens à continuer à défiler et à ne pas donner le plaisir à la police de charger. Un américain vivant sur place depuis quelques mois m'a raconté que tout ça lui rappelait la situation des gays dans les années 80 aux États Unis.

"L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme : c'est une abomination qu'ils ont tous deux commise, ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. - Lv 20:13"

Pourtant même si les Argentins sont très croyants, ils ont relativement flexibles sur leurs principes. Il y a beaucoup plus d'Églises qu'en France, avec chacune ses conceptions propres. Certaines sont relativement ouvertes aux minorités sexuelles, et bénissent les unions. Le Vatican n'a pas l'air d'avoir beaucoup de prise ici, vu que le pays rejete à peu près toute influence extérieure, et surtout les États-Unis et de l'Europe. D'ailleurs Bush et les États Unis ont été critiqués comme dans toute manifestation argentine qui se respecte, entre autres pour bloquer l'accès aux génériques pour soigner le SIDA.

"L'hétérosexualité est l'opium du peuple"

Donc je suis parti jeudi direction Buenos Aires pour voir un festival de cinéma "GLTTBI" (plutôt GL et un peu T mais bon) et enchaîner samedi sur le défilé, avec concert gratuit à l'arrivée au Congrès (le parlement argentin). Sur place j'ai fait connaissance avec Beatriz, une chilienne qui avait tourné un des courts-métrages du festival. On est donc allés ensemble à la marche. Un des films que je vous conseille vraiment de voir est "Crustacés et coquillages" de Olivier Ducastel et Jacques Martineau. C'est un film français vraiment sympa, façon Ozon, tous publics et vraiment drôle. La salle n'a pas arrêté de rire pendant le film. Vraiment pas du tout grand public mais délirant par l'approche, "The Raspberry Reich" était finalement assez amusant. J'ai vu aussi deux documentaires assez intéressants, "The Gift" sur le phénomène des infections volontaires par le virus du SIDA, et "Männer Helden und schwule Nazis" sur les gays d'extrême-droite - avec toute une partie sur Röhm et la seconde guerre mondiale.

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