Arrivé au terminal de bus, une équipe de la télé locale me tombe dessus et me demande de raconter un peu ce que je pense faire à Rosario. Evidemment la journaliste se sent obligée de me demander ce que je pense des "rosarinas", nom donné au habitantes de Rosario. Comme je suis pris un peu de cours, au lieu de foncer et de lui dire que mon avis porte plutôt sur les rosarinos, je bafouille sans conviction un truc dont je ne me rappelle même plus. Je ferai mieux une autre fois... Au moins cette petite interview m'aura apporté une courte notoriété, je me suis fait plusieurs fois interpeler dans la rue par des personnes qui m'ont vues à la télé.
Rosario est connue pour ses grands parcs et plages le long du Río Paraná, où les rosarinos viennent passer leurs après midis en buvant du maté. Une autre attraction de la ville est l'incontournable monument au drapeau national, une sorte de délire architectural des années 50 rendant honneur au lieu où le drapeau argentin (trois bandes bleue ciel, blanche et bleue ciel avec un soleil sur la bande blanche) a été créé par le général Belgrano et hissé pour la première fois. La tour de 70 mètres donne une bonne vue sur la ville et le Río Paraná.
Le premier jour étant très ensoleillé, je suis allé directement à la plage Florida, au nord de la ville, sur le Paraná. Le Paraná venant du nord de l'Argentine, de Misiones pour être précis, il charie la terre rouge caractéristique de ces régions du nord. L'eau est donc de couleur plus ou moins marron, et le fond très vaseux. Tout cela n'empêche pas l'eau d'être très propre (du moins c'est ce que disent les locaux). Il faut quand même faire attention aux courants, très forts dès qu'on s'éloigne de la côte. D'ailleurs les bateaux qui permettent d'aller visiter les îles au milieu du Paraná on été bloqués les trois jours que j'ai passé à Rosario.
Le jeudi soir, un orage venu du sud vient jouer les troubles-fête et il commence à tomber des cordes vers 8h du soir. Les fans du Rosario Central continuent quand même à affluer, complètement trempés dans les bus, pour aller au stade (non couvert). Il y a des jours comme ça où c'est arrangeant de ne pas aimer le foot. Le temps étant très couvert le vendredi à cause de l'orage de la nuit, j'ai passé la journée à me balader dans la ville : l'avenue piétonne Córdoba, le quartier de Pichincha, le plus ancien de la ville... La ville était assez déserte, vu que le vendredi (de Pâques) était ferié, et que beaucoup de monde est allé aux processions (les "viacruce") de la fête de Pâques. J'ai quand même rencontré un peu de monde au marché aux puces, sur les rives du Paraná. J'y ai d'ailleurs dégoté une vieille Seiko 5 automatique, qui marche bien (dans la mesure où on la porte un peu tous les jours pour la remonter), et une pièce de 1 franc de 1960 (la première emission après l'apparition du nouveau franc).
Le vendredi soir, je suis allé voir un peu comment les invertis de Rosario se débrouillent. Rosario est une ville encore assez grande pour échapper à la règle qui veut qu'en dehors de Buenos Aires les homos n'existent pas. Je jette donc un coup d'oeil sur Internet pour trouver quelques adresses de bars. Le premier, l'Inizio, me surprend un peu : il semble être rempli de femmes plutôt courtes vêtues. En fait, vérification faite, il s'agit bien d'un bar où les gays sont "admis", mais situé dans ce que les locaux appellent la "zone rouge" (comme dans toutes les villes en fait), donc je repars vers une autre adresse, El Refugio. Là-bas je discute avec un porteño (un habitant de Buenos Aires) venu lui aussi à cause du week-end de quatre jours, mais je repars assez vite, fatigué par la journée passée à marcher.
Le dernier jour, je suis allé voir le parc Independencia, une sorte de parc de la Tête d'Or, avec lac artificiel, pédalos, vendeurs de glaces, barbe à papa et chipa. J'aurais aimé faire un tour en bateau sur le Río Paraná, mais le fleuve est capricieux et les courants forts combinés à un vent de sud empêchent les sorties. J'ai donc fait un tour dans la vile avant de repartir en bus, où j'ai rencontré un français de Vienne, étudiant à Montréal, en échange à Buenos Aires et de passage à Rosario. Après ça allez dire que moi je suis compliqué...