Marche des Fiertés LGBT à Paris

Billet du 01/07/2007

Malgré le temps menaçant annoncé par la météo, environ un demi million de personnes (selon les estimations) se sont risquées dans les rues de Paris, le temps de la Marche des Fiertés LGBT de Paris. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s'agit de l'ancienne Gay Pride, étendue aux lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, et au nom francisé.

Le thème de cette année était l'égalité, avec comme mot d'ordre "égalité ne transigeons pas !". Les manifestants gays, lesbiennes, bis, trans, mais aussi parents, familles ou amis de gays réclamaient l'alignement des droits des minorités sexuelles avec ceux du reste de la population. Particulièrement visés étaient l'ouverture des droits très symboliques au mariage et à l'adoption pour les homosexuels, à laquelle Sarkozy s'est opposée pendant sa campagne présidentielle, préférant (re-)créer un statut séparé pour les couples de même sexe et se contenter d'un statut de beau parent au lieu d'un vrai droit à l'adoption.

En effet, la solution proposée par Sarkozy présente de nombreux inconvénients. Elle crée un statut séparé pour les homos, pas du tout dans l'esprit de l'unité et indivisibilité de la République, alors qu'au même moment les assos LGBT se font taxer de communautarisme. Ce nouveau statut viendrait compliquer encore notre code civil, alors que reconnaître les couples de même sexe sous le régime du mariage permettrait un accès immédiat aux même droits que les autres couples. Finalement cette solution donne aux couples homos l'impression d'être des citoyens de seconde classe, sans même arriver à sauver les apparences pour la base électorale conservatrice de l'UMP : on essaie de ménager la chèvre et le chou sans trop de succès en quelque sorte.

D'un autre côté, on peut trouver assez suicidaire de réclamer le mariage et l'adoption à l'actuel gouvernement. En effet, vu la constitution des ministères et du parlement, il est - en tout cas à l'heure actuelle - peu probable qu'une telle loi aboutisse. Certains militants homos défendent d'ailleurs l'idée qu'on devrait essayer d'améliorer le PACS au lieu de courir après des objectifs hors de portée. D'un autre côté, on peut penser qu'il est important de maintenir cette revendication et le débat qui l'entoure vivant, au moins en attendant une conjoncture plus favorable.

Mais le mariage et l'adoption ne sont pas tout, et de nombreuses autres revendications étaient présentes à cette marche. À ce jour, l'éducation nationale reste toujours sourde aux appels des associations homos à faire de la prévention dans les écoles, pour d'une part casser l'isolement des jeunes LGBT, victimes de taux de suicides anormalement élevés, et d'autre part attaquer le problème de l'homophobie à sa base. Les transsexuels réclament des soins de meilleure qualité ; en effet, les opérations de changement de sexe en France sont de qualité très inégale selon les régions, et surtout selon le bon accueil de ce genre d'opération par le personnel médical local ; sans parler du chemin de croix pour changer légalement de prénom.

Malgré tout, la Marche des Fiertés 2007, comme toutes les années, était aussi une grande fête pour se retrouver, et pour faire la fête ensemble !