Les plans prévoient de supprimer les voies qui mènent à la gare de Stuttgart. Au lieu des rails qui coupent actuellement la ville en deux, les trains passeraient dans un tunnel souterrain sous le centre ville, le tout relié au réseau à haute vitesse de la ligne Paris-Stuttgart (via Ulm). Le projet a été négocié sur plus de quinze ans entre le Land, la région, la ville et la Deutsche Bahn. L'Union Européenne et l'état fédéral participent aussi au financement.
Manifestement dans leurs plans les politiques ont oublié de prévenir la population qu'on allait creuser plein de gros trous dans leur centre-ville. Entre autres dans le sacro-saint parc du château. Sans parler des sources minérales de Stuttgart. Finalement des craintes pas très justifiées quand on sait quel gruyère est Stuttgart entre le métro et le S-Bahn qui se baladent partout sous les pieds des passants dans le centre ville.
La première étape des travaux consiste dans la démolition des ailes de la gare. Ces ailes longent les rails qui doivent être supprimés et perdent ainsi leur sens, alors que le bâtiment principal reste. Une clôture de chantier a été installé depuis quelques semaines, signifiant clairement que les travaux allaient bientôt commencer. Les opposants utilisent depuis cette clôture comme lieu de manifestation contre le projet. On y trouve toutes sortes de pancartes rappelant les arguments contre ce projet : trop cher, trop risqué, trop de désagréments pendant le chantier, et la réalisation contre la volonté de la majorité de la population.
Le projet passe d'autant plus mal en période de crise : impression de se serrer la ceinture pour qu'une élite réalise ses visions démesurées. Dans l'instabilité actuelle parler d'un investissement à 10 ans est difficile. La population a le sentiment que la démocratie est bafouée et que ses élus gouvernent contre elle. Il faut admettre que les habitants de Stuttgart ont le plus gros désavantage à supporter (des travaux pendant 10 ans) alors que le Land en général profite plutôt du projet (meilleure circulation en train).
Du coup une foule de retraités, d'étudiants, de trentenaires écolos et de militants d'extrême gauche se retrouvent depuis une semaine pour bloquer les travaux. Mercredi dernier le trafic dans le centre était interrompu, la 2x3 voies qui passe devant la gare était une rue piétonne. Déjà deux fois le SEK (le groupe d'intervention de la police allemande) a du déloger des militants qui sont entrés dans le chantier dans le but d'empêcher la grue de fonctionner (en s'y attachant avec des menottes par exemple). Le tout sans violence jusqu'ici. Les policiers et les manifestants sont plutôt sympa et détendus, après tout on est à Stuttgart, pas à Berlin, alors tout le monde dit bonjour, s'il vous plait, merci et au revoir.
Les manifestants disent bonjour aux policiers qui montent la garde devant le chantier, les policiers disent s'il vous plait aux manifestants pour qu'ils partent après avoir bloqué pendant 10 heures une artère centrale de Stuttgart, les manifestants disent merci aux policiers quand ils ne se font pas embarquer pour trouble à l'ordre public et au revoir avant de partir. C'est beau Stuttgart quand même :-)
Pendant ce temps on se prépare déjà aux prochaines phases du chantier, avec des ateliers sur des thèmes comme "comment s'enchaîner efficacement à un arbre" : 300 arbres doivent être coupés dans le parc pour creuser la gare souterraine... Pour le moment la Deutsche Bahn et le Land acceptent d'engager des discussions avec les opposants (en particulier les verts, qui soutiennent le projet concurrent K21), mais refusent de stopper les travaux. Préparez vos chaînes...