Stuttgart 21 arrive (peut être)

Billet du 09/09/2010

Le WE dernier étant manifestement un des derniers jours d'été à Stuttgart et tout le monde a essayé d'en profiter un maximum. Logiquement beaucoup se sont retrouvés dans le parc du château. En particulier les manifestants contre Stuttgart 21 qui ont abandonné l'idée de sauver l'aile nord de la gare déjà bien entamée par les grues, et qui ont changé de cible. Ils veulent désormais sauver à tout prix l'aile sud et les arbres du parc (où devrait passer la future gare).

À côté des émos et gothiques attroupés habituellement dans cette zone du parc près de la gare, on pouvait donc trouver des membres de l'association Robin Wood en train de construire une "cabane de résistance" dans un des vieux platanes du parc. Autour de l'arbre, des sympathisants se sont regroupés dans une ambiance plutôt bon enfant. Au programme : cours de danse folklorique bretonne, projection d'un film sur résistance populaire conte la construction d'usine de retraitement dans les années 80, et une sortie de groupe à la "Leuze", un des thermes de Stuttgart.

Cette semaine la pluie a bien pris le dessus et le ton a changé dans le conflit. Lundi matin des manifestants enchaînés à des tracteurs ("paysans contre Stuttgart 21") ont essayé de bloquer l'accès des engins de chantiers à l'aile nord. Le soir même la traditionnelle manifestation de lundi ("Montagsdemo") avait lieu, avec dans l'ordre de 10 000 participants. Vers minuit mardi matin la police délogeait les quatre occupants de la cabane du parc du château, malgré la résistance d'une centaine d'opposants. La cabane a été détruite, certains manifestants doivent s'attendre à des poursuites légales et les 4 occupants de la cabane ont interdiction d'entrer dans le parc. Devant ce revers les meneurs des manifestants ont annoncé des action plus "dures". Bien que les manifestants se réclament non violents et que la police fasse tout pour éviter l'escalade, on sent que la tension monte et que la situation devient de plus en plus difficile à contrôler. Un policier a été filmé frappant au visage une manifestante, provoquant la colère des opposants au projet.

D'un point de vue politique, jusqu'ici aucune médiation entre les élus et les représentants de l'opposition au projet n'a eu lieu. Malgré tout la situation progresse un peu puisque les différents partis prennent position sur la façon d'aborder le conflit. Il faut dire que dans la perspective du vote pour un nouveau parlement du Land en 2011 la question de Stuttgart 21 devient de plus en plus importante.

Les Verts et l'extrême gauche ont une position connue depuis longtemps, contre le projet. Le SPD vient de faire aujourd'hui un revirement assez impressionnant, en proposant un référendum. Avec cette proposition le SPD rejoint une demande importante des opposants au projet. En effet les opposants sont convaincus qu'un référendum signifierait automatiquement l'enterrement du projet. Pourtant le SPD affirme que le parti lui même a toujours soutenu et soutient encore (officiellement) Stuttgart 21 . Le référendum serait nécessaire pour renforcer la légitimité du projet.

Les détails pratiques du référendum présentés par le SPD sont assez croustillants. Puisque de fait toutes les parties sont déjà largement engagées dans le projet et que beaucoup de contrats ont déjà été signés, le seul moyen de stopper le projet serait une décision du gouvernement en ce sens, approuvée par le parlement. Pour que la population puisse voter, il faudrait que la majorité du parlement rejette la décision de stopper le projet (!) et qu'un tiers du parlement soit favorable à un référendum. Si le projet parvenait à être stoppé, il faudrait encore dédommager les entreprises contractées et la Deutsche Bahn pour une somme avoisinant les 1,5 milliards d'euros. D'autre part la ville de Stuttgart devrait renoncer à certaines sommes investies, par exemple presque un demi milliard d'euros pour l'achat de terrains se trouvant sous les aiguillages.

En dehors du fait d'être assez ubuesque, cette solution relève de la science fiction puisque la coalition CDU/FDP qui contrôle le gouvernement et le parlement estime impensable l'idée de stopper le projet. La situation pourrait par contre changer en 2011, et on sent bien que le SPD joue de cet argument. Entre ne pas trahir les institutions du Land qui ont approuvé légalement le projet, et ne pas décevoir les attentes de la population qui s'y oppose, le grand écart est difficile.

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